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Exoplatine

duo avec Célia Picard

 

Exoplatine est un personnage créé en 2018 qui lie un engagement écoféministe à la culture du clubbing, reprenant ainsi les propos d’Emma Goldman : “Si je ne peux pas danser, je ne veux pas prendre part à votre révolution”.

Avec la nuit en toile de fond, slogans, costumes et musique pop comme matériaux, la fête d’Exoplatine devient un espace performatif invitant chacun.e à se lancer à corps perdus dans la danse, le chant et la transe.

POUR UNE ASTROLOGIE INCLUSIVE

Exoplatine est un personnage de fiction du signe du scorpion que nous avons créé en 2018.

Nous convoquons l’écoféminisme et la culture du clubbing en étudiant et en se réappropriant leurs matériaux (slogan, imagerie, costumes, paroles, chant, danse...).

Notre dernière performance à ICI-CCN Montpellier à l'invitation de Christian Rizzo s'intitulait 390.398 km de la Terre à la Lune afin de relier le temps cosmique à nos cycles sur Terre, les marées, les énergies qui nous traversent, nous donnant ici l’espace de les éprouver. Dans une perspective écoféministe, nous travaillons les énergies du cosmos afin de donner forme à une astrologie inclusive où nous jouons un rôle de passeuses pour effacer les frontières entre les deux mondes.

Depuis la fin des années 1970, des mouvements féministes font en effet un lien entre la domination de l’homme sur la femme et conjointement sur la Nature pour dénoncer un système d’oppression et de destruction. Un des évènements majeur qui a marqué cette démarche date du 17 novembre 1980. Deux mille femmes se dirigent alors vers le Pentagone. Ainsi que l’explique Emilie Hache dans son recueil de textes Reclaim ecofeminism! (2016), “elles portent quatre mascottes qui ressemblent à d’énormes poupées de carnaval et la plupart d’entre elles sont déguisées et maquillées. Leur attirail exprime la colère, la tristesse, mais également la joie. (...) Leur déclaration (...) commence ainsi : “Nous nous rassemblons au Pentagone, ce 17 novembre car nous avons peur pour nos vies. Peur pour la vie de cette planète, notre terre, et pour la vie de nos enfants qui sont notre devenir humain (...). Nous sommes entre les mains d’hommes que le pouvoir et la richesse ont séparés non seulement de la réalité quotidienne mais aussi de l’imagination. Nous avons bien raison d’avoir peur.””

Se voulant à la fois festive et profondément politique, cette manifestation a marqué le développement de l’écoféminisme.

A ce sujet, l’anarchiste féministe Emma Goldman affirmait en substance dans ses discours « Si je ne peux pas danser, je ne veux pas prendre part à votre révolution».

Ces mots synthétisent également aujourd’hui la “politique du mouvement féministe pour la paix, une politique de joie de vivre (...). Ce mouvement est exempt de toute orthodoxie ou de ligne de parti. Il n’existe aucune grande organisation nationale.
Il s’agit d’un mouvement créatif, antibureaucratique, capable de s’adapter avec souplesse à la situation politique, toujours plus dangereuse et en constante évolution. (Ynestra King in Reclaim ecofeminism !) Il engage un amour de la vie, des utopies, une “politique libidinale” (dans le sens de l’art, du jeu et de l’érotique /Y. King) pour penser autrement les structures économiques et sociales oppressantes qui tuent la planète.

Astrologie inclusive 

Dans les mêmes perspectives, les travaux plus récents de Donna Haraway portant sur le Chthulucène proposent des fictions dans lesquelles notre rapport au monde s’échappe de sa condition anthropocentrée pour penser un lien à la Terre qui se construit dans le respect et l’échange.

L’astrologie est un ensemble de croyances et de pratiques fondées sur l’interprétation symbolique des correspondances supposées entre configurations célestes (la position et le mouvement des planètes du système solaire) et affaires humaines, collectives ou individuelles.

Les rituels chamaniques, la transe (se relier à soi, à une culture ancestrale et au collectif, le chamanisme comme transmission d’énergie) ou encore la question de la sorcière contemporaine comme figure de résistance à l’anthropocène (Starhawk notamment) nourrissent également notre réflexion.

L’astrologie comme pratique assez méprisée nous intéresse également comme contexte d’expérimentation car elle fédère, à l’instar de l’écoféminisme, un ensemble de personnes exclues du modèle patriarcal. Nous voulons un terrain d’expression inclusif à l’image de ce qu’ont été les ballrooms pour le voguing.

La culture du clubbing et de la nuit

Exoplatine emprunte son esthétique aux cultures populaires du bal, du karaoké, du tube (entendu comme une sorte d’énergie qui traverse les cultures, qui peut être appropriée par chacun / morceaux avec textes, paroles qui ont une portée plus grande que la simple ritournelle) mais aussi plus particulièrement à la culture du clubbing telle qu’elle s’est développée dans les années 1980-1990.

Avec la nuit comme toile de fond, ce sont notamment les références au mythique club parisien Le palace (lui même inspiré du Club 54 de New York) qui nous intéressent ici et dont Roland Barthes, dans un article de Vogue Homme datant de 1978, nous offre une description pertinente :

« Le Palace n’est pas une « boîte » comme les autres : il rassemble dans un lieu original des plaisirs ordinairement dispersés : celui du théâtre comme édifice amoureusement préservé, jouissance de la vue ; l’excitation du Moderne, l’exploration de sensations visuelles neuves, dues à des techniques nouvelles ; la joie de la danse, le charme des rencontres possibles. Tout cela réuni fait quelque chose de très ancien, qu’on appelle la Fête, et qui est bien différent de la Distraction : tout un dispositif de sensations destiné à rendre les gens heureux, le temps d’une nuit. Le nouveau, c’est cette impression de synthèse, de totalité, de complexité: je suis dans un lieu qui se suffit à lui-même. »

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